
Si l’information n’avait pas été publiée par des «médias sérieux», on aurait crû à une grosse blague. Mais ce n’est pas une Fake News : même s’il n’y a pas encore de communication officielle, le Burkina a bien déposé sa candidature pour l’organisation de la CAN 2027. La Fédération burkinabè de football (FBF) est en compétition avec six autres dont celles du Maroc et du Sénégal.
La seule et unique fois que le Pays des hommes intègres avait accueilli la grand-messe du football africain, c’était en 1998. Cette année-là le trophée avait souri aux Pharaons d’Égypte et la compétition s’était déroulée dans deux villes, Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. Sauf que les règles du jeu ont changé entre-temps. Le nouveau cahier de charge prévoit notamment la présence de 6 stades homologués pour prétendre organiser le tournoi dont «2 stades d’au moins 15 000 places, 2 autres d’au moins 20000 places et les 2 derniers d’une capacité d’au moins 40 000 places pour le match d’ouverture et la finale». La Confédération africaine de football ( CAF) exige par ailleurs 2 stades par site pour les séances d’entraînement.
Or, le Burkina ne dispose à la date d’aujourd’hui d’aucun stade homologué. Certes, le stade du 4-Août, actuellement en réfection, va être disponible d’ici-là mais on sera encore très loin du compte. Il faudrait, pour être conforme aux exigences de la CAF, faire sortir de terre en l’espace de 5 ans, 5 autres joyaux à Ouagadougou et dans les villes de l’intérieur. Un investissement colossal qui jure avec la situation socio-économique peu reluisante du pays.
A titre d’exemple, le complexe sportif d’Olembé et le stade de Japoma, deux enceintes qui ont accueilli la dernière édition de la CAN au Cameroun, ont coûté respectivement 215 milliards et 140 milliards de FCFA.En tout, le pays de Paul Biya a casqué plus de 700 milliards de FCFA pour organiser la compétition.
Plus près de chez nous, la Côte d’Ivoire, qui doit abriter la prochaine édition, a déjà investi plus de 500 milliards de FCFA dans les infrastructures sportives, l’hébergement ainsi que le transport.
Le Burkina Faso, «pays pauvre très endetté», peut-il se permettre une telle folie pour organiser la plus grande fête sportive du continent au moment il doit en plus faire face aux hordes terroristes qui occupent une bonne partie de son territoire? La réponse paraît évidente sauf dans la tête de ceux qui sont allés déposer la candidature du pays
Même dans le scénario le plus optimiste, 5 ans , c’est assez court pour que tous nos malheurs puissent prendre fin.
Certes , le terrorisme ne doit pas nous empêcher de vivre, mais la candidature du Burkina en ce moment-là parait inopportune et ressemble plus à une plaisanterie sinon, pour rester dans le jargon du foot, à une grossière «simulation».