
Groggy, chaos debout après le coup d’Etat du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba qui s’est même permis de leur faire la morale, comme on le ferait à de vilains garnements, lors d’une rencontre quasi humiliante le 1er février 2022, les politiciens burkinabè, après quelques mois d’hibernation, sortent de leur petit trou.
La mise en garde du nouvel homme fort du pays était pourtant bien claire : moins d’activisme. Mais lui-même n’ayant pas fixé les limites de l’activisme acceptable, on revoit ces derniers temps les cartes du jeu politique se redessiner, en prélude, on l’imagine, aux élections post-transition, prévues dans 3 ans en principe.
Le 12 mai dernier cinq partis politiques dont le mouvement SENS et le Parti pour la renaissance nationale (PAREN) ont signé une charte d’alliance dénommée «Ensemble pour le Faso». Huit autres partis politiques ont également rassemblé leurs forces le 31 mai avec la création de la Coalition centriste pour la paix (CCP). A la tête de ce regroupement, l’inénarrable Mahamadi Kouanda qui a traîné sa bosse dans les Comité de défense de la révolution (CDR) , ensuite à l’Organisation pour la démocratie populaire/Mouvement du travail (ODP/MT), qui deviendra plus tard le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et enfin au Congrès pour la renaissance et le progrès (CRP), parti dont il est le président.
Mais le pacemaker de ces nouveaux battements politiques c’est bien Zéphirin Diabré. L’ancien Chef de fil de l’opposition politique (CFOP) qui avait rejoint la majorité à l’issue des élections présidentielle et législative de 2020, multiple les tournées dans les sièges de partis politiques. Le MPP, l’ADF/RDA, le PDS/METBA, le PUR, l’APR/TILGRE et Agir Ensemble ont, entre autres reçu la visite du Président de l’Union pour le progrès et le changement (UPC).
Qu’est-ce qui fait courir autant l’enfant terrible de Gombousgou? Lui-même avance masqué, en tout cas devant la presse à qui il parle de tournées pour inviter les politiciens à tirer leçon des échecs du passé et jeter les bases d’un nouveau paradigme politique.
Mais pas besoin d’avoir fait science-po pour savoir qu’il y a toujours derrière la moindre action d’un homme politique un calcul forcément politique.
Après deux tentatives infructueuses à la présidentielle, l’ancien président Afrique et Moyen Orient du groupe AREVA se dit sûrement que son heure a enfin sonné.
Quand on fait le bilan au sein du landerneau politique burkinabè , on ne peut pas vraiment dire que quelqu’un en particulier profite du coup d’Etat du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR). Tous les politiciens ont été brûlés et peut-être Zéphirin Diabré même à un haut degré pour s’être compromis avec le MPP. Mais l’ancien CFOP, semble penser que son copinage avec l’ex-parti au pouvoir, le MPP, n’a pas grillé toutes ses chances d’accéder à la magistrature suprême. Il est vrai aussi qu’à moins de voir une figure émergée, il y a de fortes chances, si élection il y a , que le prochain président sorte du même marigot d’où sortent nos dirigeants depuis 30 ans.
D’autres grosses figures de la scène politique burkinabè comme Eddie Komboïgo, Alassane Bala Sakandé et Me Bénéwendé Stanislas Sankara pourraient être tentées également par l’aventure présidentielle,même si pour le moment ils se gardent de faire de l’activisme politique, conformément aux injonctions des gouvernants militaires du moment.
Mais qu’on le dise, on est encore bien loin des joutes électorales. Il y a, pour le moment, plus urgent: la fin du terrorisme et le retour des déplacés internes dans leur localité d’origine sans quoi il serait illusoire de parler d’élection.