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Crimes de sang au Burkina : Le commandant Amadou Sawadogo, une victime oubliée

Il est considéré comme l’une des victimes oubliées des nombreux crimes de sang qui ont émaillé l’histoire sociopolitique du Burkina. Lui, c’est le commandant Amadou Sawadogo, Haut Commandant en chef adjoint des Forces armées nationales voltaïques, tombé le 18 juillet 1984 dans les environs de l’hôtel Silmandé dans des circonstances non encore élucidées.38 ans après les faits, sa veuve,Marie-Rose Romée Sawadogo née Ouédraogo, réclame que toute la lumière soit faite sur le décès de son époux.

Le commandant Amadou Sawadogo est né à Bouri, une localité située dans la province du Zondoma dans la région du Nord, le 18 décembre 1947. Après son école primaire à Kaya , il passe avec succès le concours du Prytanée militaire de Saint Louis, à Dakar, où il a fait tout son second cycle. Extrêmement brillant, a par la suite fait l’école d’officier d’Aix en Provence en France. Il est passé également par l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr en France où il s’est illustré positivement et a fait son stage d’application d’infanterie à Montpellier en France avant de regagner son pays natal en 1972. Il a, dès son retour, été immédiatement affecté à Bobo-Dioulasso où il est d’abord désigné comme instructeur au Groupement d’Infanterie des Forces armées voltaïques (GIFAV). Puis, il effectue en 1975, un stage d’obtention du Certificat d’aptitude aux troupes aéroportées de Pau en France et devenait de ce fait, le 1er Officier instructeur Commando de l’Armée voltaïque.Il a dans la foulée été nommé commandant de la Compagnie d’intervention aéroportée (CIA), des parachutistes notamment. Il devient tour à tour, Commandant de la compagnie de commandement et de soutien régimentaire. Puis chef de corps du 3e Régiment d’infanterie commando (RIC) à Bobo-Dioulasso. Il sera nommé Haut Commandant en chef adjoint des Forces armées nationales voltaïques en août 1983 à la prise de pouvoir par les Révolutionnaires avec qui les relations, cordiales au départ, vont par la suite de dégrader. Le commandant n’ayant pas notamment soutenu la prise du pouvoir par Thomas Sankara et les autres capitaines.

Le 18 juillet 1984, il est victime d’un attentat après avoir, selon sa veuve, reçu un appel l’invitant à l’hôtel Silmandé.
 » Ce n’est pas un accident. On a attenté à sa vie. De ce qui m’est revenu, il y avait un commando qui était armé de kalachnikov et se rendait au niveau de l’hôtel Silmandé et jusqu’à nos jours, on ne sait pas qui lui a téléphoné. Une personne a dû l’appeler pour dire qu’on a réservé l’hôtel pour les officiers supérieurs en lui demandant d’aller vérifier si tout était fin prêt. Il y est allé avec ma belle-sœur, Mariam. Elle dit avoir constaté que dès qu’Amadou avait démarré sa voiture, une autre le suivait à toute vitesse mais elle ne se doutait de rien. Une fois sur le pont conduisant à l’hôtel Silmandé, un véhicule lui fit un appel de phares. Il a pensé à un dépassement et il a commencé à se déporter sur sa droite doucement mais on a commencé à le mitrailler. Ma belle-sœur s’est laissée tomber et a eu l’épaule presque arrachée mais sous le choc, elle ne savait pas qu’elle était blessée… Amadou a été amené à l’hôpital, ma maman qui était infirmière avec le collège des chirurgiens dont le Pr Moumouni Ramdé et d’autres, en présence de Sankara ont paré à l’essentiel et il est ressorti que son bras gauche était en mille morceaux, son œil gauche était perdu, une partie de son cerveau avait été abîmé. C’étaient des balles explosives ; certainement grâce à sa formation commando, bien que touché à mort il a pu éteindre le moteur avant de s’écrouler », a témoigné Marie-Rose Romée Sawadogo née Ouédraogo dans une interview accordée à L’Observateur Paalga.
Évacué par la suite en France, l’officier y décédera sans que les commanditaires de ce qui s’apparente à un assassinat ne soient connus. Mais à en croire la veuve, tout laisse à penser que derrière ce crime, se cache la main de Michel Koama, le bras droit de Thomas Sankara à l’époque. Mais aucun procès n’est venu établir la culpabilité de celui qui a été tué le 15 octobre 1987 presqu’au même moment que le père de la Révolution burkinabè. Elle espère donc que le processus de réconciliation nationale va permettre de rendre justice au commandant Amadou Sawadogo, victime sans doute du Conseil national de la Révolution (CNR).

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