
Le temps file et ne repasse pas toujours. L’heure du bilan a déjà sonné pour le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba.
On se souvient que le 1er avril dernier, le chef de l’Etat avait, dans une adresse solennelle à la Nation, donné rendez-vous à ses compatriotes dans 5 mois pour un premier bilan de sa mission de reconquête du territoire national. Selon certaines informations, c’est à nouveau à travers un discours télévisé que le tombeur de Roch Marc Christian Kaboré devrait le 4 septembre prochain rendre sa copie et la soumettre aux notes des Burkinabè.
Mais qu’on se le dise,5 mois c’est si infime qu’il est presque impossible d’obtenir de grands résultats dans la lutte contre le terrorisme en si peu de temps. C’est une course de longue haleine.C’est à se demander même si le nouveau locataire de Kosyam ne s’est pas un peu trop précipité ou n’a pas fait preuve d’un peu trop d’optimisme en prenant un tel engagement et à ce moment-là.
Quoi qu’il en soit, le voici obligé de rendre ses comptes après (seulement) 7 mois aux affaires. Et pour beaucoup, ils sont au rouge.Ils sont nombreux en effet à penser que depuis le coup d’Etat du 24 janvier, la situation sécuritaire ne s’est guère améliorée, si elle n’a pas tout simplement empiré. Les armes des terroristes continuent de crépiter, arrachant des vies humaines, que ce soit des FDS, des VDP ou des civils aux mains nues ; les forces du Mal grignotent chaque jour un peu plus de territoire national, le lot des déplacés internes s’accroît chaque jour et le dynamitage des ponts est devenu le nouveau jeu favoris des « hommes de la brousse » qui arrivent ainsi à isoler, ne serait-ce que provisoirement, certaines localités comme Djibo ou Dori.
Mais on peut mettre un rond sur le fait que tous ces incidents seront mis dans la rubrique des insuffisances par le pouvoir qui, c’est sûr, préférera voir le verre à moitié plein qu’à moitié vide. Le président Damiba pourra toujours se prévaloir dans ce cas de quelques victoires militaires sur le terrain, de la montée en puissance de l’armée de l’air qui chaque semaine envoie ad patres de nombreux assaillants. Et en croire la vulgate officielle, de nouveaux équipements sont en cours d’acquisition, notamment des hélicoptères, pour tailler davantage de croupières aux renégats qui ont juré la perte de notre Nation.
On pourrait également mettre à l’actif des nouveaux maîtres du pays, la réorganisation de l’armée, la création des zones d’intérêt militaire, l’interdiction des motos de grosses cylindrées dans certaines parties du territoire et l’instauration de comités locaux de dialogue qui ont pour but de ramener à la raison ceux qui ont pris les armes contre la mère patrie. Des mesures dont on ne pourra réellement s’assurer de l’efficacité que dans quelques mois.
Damiba lui-même est théoriquement aux affaires jusqu’en 2024, date à laquelle doit se tenir la prochaine présidentielle. Il a encore donc de la marge pour soigner son bilan et convaincre sur le fait qu’il aura été l’homme providentiel pour le pays dans la tourmente.