
Ceci est une tribune d’un lecteur averti des questions d’éducation au Burkina Faso. Il donne son point de vue sur l’absence de l’enseignement des langues nationales dans les nouveaux curricula en cours de généralisation dans les différents niveaux : préscolaire, primaire, secondaire. Une absence qui amène, à son avis, le système éducatif burkinabè à rater un pan important de l’adaptation de l’éducation aux réalités nationales et à détruire un des moyens affirmés par les experts de divers horizons pour améliorer la qualité des enseignements/apprentissages.
Par cet écrit, je porte la première entorse à ma décision de « suivre et de ne plus rien dire ». Rassurez-vous, l’hésitation et le tiraillement ne furent pas des moindres en moi.De toutes les façons, quelle sera la portée de cet écrit pour la gestion d’un Faso que nous connaissons tous. Du reste, je ne saurai en aucun cas me targuer de plus d’intelligence ou même de plus d’amour pour nos langues dites nationales. Cependant, j’ai encore du mal à me remettre de mes émotions après avoir pris connaissance du contenu des curricula dits nouveaux que l’on propose à l’école burkinabè dans tous ses ordres d’enseignement exception faite de l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle si on peut ainsi le dire.Quelles ne furent pas mon indignation et ma consternation de constater que l’enseignement de nos langues a une fois de plus subi le sort que nos autorités en charge de l’éducation de nos enfants lui ont toujours réservé. Figurez-vous que l’apprentissage des langues nationales y ont été éperdument ignorées jusque dans la phase primaire qui est celle de la transcription. je ne parlerai pas d’omission quelle que soit la précipitation avec laquelle ces programmes d’enseignement ont été concoctés pour être servis à nos enfants. je parlerai tout simplement de MEPRIS oui de MEPRIS et nous en seront tous comptables devant l’histoire à commencer par le Ministre L. BILGO et ses plus proches collaborateurs. je ne vois aucune raison valable qui puisse justifier ce braquage dont sont victimes nos langues. je ne mets pas en doute pour l’occasion, l’importance de quelque langue que ce soit, présente à l’école ici au Faso. La langue arabe est parlée dans toutes les contrés du monde me dira-t-on. Ira-t-on pour cela me brandir l’argument qu’elle est plus importante que le moore pour le fils de Goama mon voisin qui fréquente l’école Gounghin Nord A? l’Allemand est plus important que le Jula ou le bobo pour Sogosira le fils de mon ami de Bolomakoté qui vient d’obtenir son certificat d’études primaires ? Que dirais-je donc de Goutarè le petit bissa de Koemtenga qui à la faveur de la migration de ses parents à Ouagadougou depuis sa naissance ne pige que quelques phrases malencontreuses de la langue de ses parents? Je pourrai vous trouver d’autres exemples encore et encore. si ce n’est que pour justifier la politique de la main tendue alors « an ka taga n’a ye ». A quand le reveil donc?Pendant que des structures comme l’Ecole Nationale d’administration et de Magistrature (ENAM) et mieux encore, l’Ecole Normale Supérieure (ENS) qui a décidé de prendre en compte la transcription des langues nationales dans les curricula et ce pour toutes les cohortes allant des attachés d’éducation aux encadreurs pédagogiques IEPENF et Inspecteurs de l’enseignement secondaire en passant par les professeurs toutes options confondues, le MENAPLN décide de faire de la pire des manières, la promotion de nos langues qui est pourtant un volet bien important de son département. on viendra sans doute dépouillé de tout scrupule me dire encore que cela est de la faute de la France ou que c’est un effet induit de la guerre en Ukraine. Miègd’alors
Gninneyo Pierre